Dédollarisation : minimiser l’évidence !
La dédollarisation est une tendance réelle, bien trop réelle, bien qu’il soit à la fois fascinant et inquiétant de voir ce qui est par ailleurs si évident, être délibérément minimisé, excusé ou ignoré du haut vers le bas.
Mais une nouvelle fois la longue liste des faits ignorés et des mensonges flagrants émanant du sommet de la pyramide pour cacher les dures vérités (des données sur l’inflation aux pièges de la dette récessionniste), n’a rien de nouveau.
Au lieu de cela, c’est une propagande éhontée, remplaçant la transparence, qui est la nouvelle norme (et astuce classique) lors de toutes les périodes finales des nations ou des systèmes endettés et défaillants avec leurs inévitables décideurs politiques corrompus et coupables.
Lent et régulier…
La dédollarisation, bien sûr, est un processus graduel plutôt que brutal.
Ses origines découlent:
1) des années d’exportation de l’inflation du dollar à l’étranger (au détriment douloureux d’amis et d’ennemis) ainsi que de …
2) la décision incroyablement stupide de militariser la monnaie de réserve mondiale (c’est-à-dire le dollar) à la suite d’une guerre frontalière entre deux tyrans locaux en Ukraine.
Que vous adhériez ou non au récit des médias occidentaux qui catégorisent Poutine comme Hitler 2.0, et Zelensky comme un George Washington moderne, la militarisation de l’USD (et le gel des réserves de change) a rendu le monde, déjà fatigué du dollar, encore plus méfiant envers la monnaie de l’Oncle Sam et ses reconnaissances de dette.
Cette tendance est confirmée par le dumping profond des UST tout au long de 2022 et la tendance indéniable parmi les BRICS (et les 36 autres nations !) à rechercher délibérément des accords commerciaux bilatéraux et des règlements en dehors de l’USD.
De plus, avec l’Arabie saoudite qui parle à la Chine et à l’Iran, et avec la Chine qui parle au Mexique, à la Russie et à peu près à tout le monde, il est assez clair que s’éloigner du pétrodollar, autrefois sacré (le Pakistan cherche maintenant du pétrole russe en yuan) n’est plus seulement le fantasme de gens commodément éliminés comme Saddam Hussein ou Mouammar Kadhafi…
Comme je l’ai dit ici et ici, le pétrodollar est menacé, ce qui signifie que la demande à plus long terme pour le dollar l’est également.
Mais l’USD a toujours des jambes – pour l’instant…
Cela dit, il est également indéniable que l’USD est toujours très fort, très important et très demandé.
Après tout, et bien qu’il ait tenu en 1971 sa promesse de 1944 d’être adossé à l’or, l’USD est toujours la monnaie de réserve mondiale.
Avec plus de 40 % des titres de créance mondiaux libellés en billets verts et plus de 60 % du réservoir de devises mondiales composé d’USD, ce statut de réserve (et donc de demande forcée) n’est pas près de disparaître.
De plus, et comme je l’ai écrit et convenu, la soi-disant «théorie du milk-shake» n’est pas tout à fait fausse.
C’est-à-dire que la demande d’USD (et d’UST) au sein du réseau enchevêtré et à effet de levier des marchés dérivés américains et de l’euro dollar est intégrée dans un système qui prendra des années (et non des jours) à se défaire, à monétiser ou à remplacer, et c’est sûr que ce ne sera ni ordonné, ni global ni du jour au lendemain.
Viendront ensuite le changement, la douleur et le déni !
Mais soyons réalistes : la fin des jours de l’USD, en tant que système de paiement de confiance ou courtier de pouvoir hégémonique, se déroulent sous nos yeux.
Et la meilleure façon de voir la vérité de cette réalité est de constater la liste sans cesse croissante des mensonges de Big Brother et de ses complices, les médias-menteurs essayant désespérément de nier la chose.
Au début, par exemple, les économistes centralisés imputaient la dédollarisation et les transactions énergétiques en CNY aux sanctions russes.
Allez comprendre.
Par la suite, les économistes patentés ont déclaré que la dédollarisation n’est que le résultat du fait que les pays des marchés émergents manquent momentanément de réserves en dollars. (En fait, ils se débarrassent intentionnellement !)
Les « experts » occidentaux essaient de se convaincre et de convaincre le reste du monde que les pays émergents vont imploser à moins qu’ils n’acquièrent finalement plus d’UST et d’USD pour acheter de l’énergie.
Ce que ces experts ne voient pas (ou ne disent pas) cependant, c’est que beaucoup de ces pays commencent déjà à acheter cette énergie en dehors de l’USD…
Mes amis, la dédollarisation des marchés mondiaux des matières premières est déjà en cours et s’accélérera plutôt que de disparaître car, comme indiqué ailleurs, l’Occident est déjà en train de perdre la partie.
Les faits sont des choses têtues.
Quant à la liste des nations, grandes et petites, qui se dé-dollarisent sous nos yeux larmoyants, considérez simplement, eh bien… la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan, le Ghana, la Bolivie…
Même le plus grand producteur de pâte à papier au monde, Suzano SA, est en pourparlers avec la Chine pour échanger sa marchandise en CNY !
Cette transition d’un USD militarisé à un CNY en expansion n’est pas seulement le fruit d’un sensationnalisme des ennemis du fiat, mais la rigoureuse conclusion d’événements et de données bien réels. Ce que le graphique suivant de l’indice de mondialisation du Renminbi (en hausse de 26 % en 2022) ne rend que trop clair…
Graphique montrant cinq années d’augmentations du RGI
La tendance indéniable et la montée (qui n’est pas la même chose que «l’hégémonie») du CNY n’est certainement pas une bonne nouvelle pour l’USD fiat-trop-fiat, qui est de moins en moins la plus jolie fille de la danse…
Au fur et à mesure que la confiance et la demande de dollars diminue, son pouvoir d’achat diminue également, ce qui peut expliquer pourquoi la Chine, au même moment où son pouvoir commercial augmente, accroît simultanément ses réserves d’or en prévision de ce qu’elle sait arriver, mais que l’Occident refuse toujours de voir :
La stérilisation lente de la monnaie fiduciaire de l’Oncle Sam.
Vous voyez la tendance les amis ?
Nous vous l’avions dit:
Voyez-vous pourquoi choisir une guerre « monnaie contre énergie » a pu être une mauvaise idée ?
Sachant que cette guerre est contre la Russie (le plus grand exportateur mondial de matières premières et puissance nucléaire, alliée avec la Chine, le plus grand propriétaire d’usine au monde et puissance nucléaire également) ?
Comme nous l’avions écrit dès le premier jour des sanctions, ce n’était évidemment pas la même chose que de choisir un combat de sanctions contre l’Iran ou le Venezuela !
Non.
Cette dimension-là était bien plus dangereuse, et les victimes évitables qui s’accumulent encore dans cette guerre par procuration de l’Occident sur les décombres ukrainiens, ne sont pas seulement des soldats et des civils, mais aussi des billets verts !
Ils voulaient jouer à la guerre plutôt qu’à une économie saine, et le résultat final sera une perte des deux.
Quant au dollar : volatilité avant dépréciation.
Quant au sort et au prix de l’USD à court et à long terme, le mouvement sera volatil plutôt qu’en ligne droite quelle qu’en soit la direction…
L’USD peut encore monter plus haut, beaucoup plus haut, car moins de billets verts à l’étranger sont encore confrontés à d’importants remboursements de dettes.
En fin de compte cependant, les déficits de l’Oncle Sam avec sa cour d’école maternelle se faisant passer pour une chambre des représentants, entraîneront les États-Unis dans une spirale de dette dont le seul «remède» sera davantage de dollars « Monopoly » de plus en plus méprisés, évidemment.
Par la suite, l’USD et ses mouvements erratiques, finiront par couler à la manière du Titanic, alors que de plus en plus d’USD entreront en collision avec le formidable iceberg de la dette croissante.
Comme on l’a dit tant de fois, mais cela vaut la peine de le répéter : la dernière bulle à éclater dans un régime imbibé de dettes est toujours la monnaie.
Une monnaie, fût-elle la monnaie de réserve mondiale, ne fera pas exception aux lois de l’offre excédentaire et de la baisse de la demande.
D’ici là, tout ce à quoi nous pouvons nous attendre, ce sont plus de mensonges d’en haut et des contrôles plus centralisés encore, se faisant passer pour des systèmes de paiement efficaces au vu des urgences nationales imputées aux méchants de l’Est et aux virus fabriqués par des chauves-souris !
Tout va bien jusqu’à ce que les choses se cassent.
Nous avons toujours averti que les hausses de taux de Powell (trop, trop vite, trop tard) seraient bien trop couteuses pour l’Oncle Sam, et briseraient l’économie aux USA et ailleurs – depuis le marchés des pensions, des gilts et des marchés du Trésor, jusqu’à une implosion fiscale américaine et des banques régionales mourantes.
Les prochains à imploser sont les marchés du travail.
Six décennies de données confirment que la hausse des taux brise toujours l’économie.
Mais lorsque vous placez une telle hausse des taux dans le contexte de la plus grande crise de la dette de l’histoire des États-Unis (et du monde !), la «casse» devient vraiment très moche.
Jusqu’à ce que la Fed fournisse plus de liquidités inflationnistes (fantasy money), la double force d’un Powell belliciste et d’un monde se dédollarisant mais encore »milk-shake », signifie que l’USD pourrait augmenter et évincer les traders à court terme sur le dollar.
Tout sauf « Softish »
En fin de compte, cependant, et après que suffisamment de petites banques aient été assassinées et après que le marché américain ait souffert tout ce qu’il peut souffrir, trop de choses se briseront alors à la fois, et ce ne sera alors pas softish du tout !
Ce n’est pas une fable mais un fait.
Le seul « outil » qui restera aux centralisateurs est une liquidité encore plus synthétique et inflationniste à la demande.
Cette tendance est claire et évidente : l’Oncle Sam est fauché et sa seule solution est une imprimante à billets.
Bref, une réponse de charlatan à un véritable cancer !
Vous ne me croyez pas ?
Demandez simplement au département du Trésor américain.
Encore quelques mathématiques ignorées de Washington DC:
Le dernier TBAC (Treasury Borrowing Advisory Committee) confirme que les États-Unis ont déjà dépensé 2 060 000 000 $ de déficit au cours du premier semestre fiscal 2023, dont les charges d’intérêts représentent à elles seules 101 % des recettes fiscales.
Cela place effectivement les États-Unis dans une zone rouge de déséquilibre rappelant la crise du COVID, mais cette fois, ils n’ont pas le COVID à blâmer pour une dépendance à la dette qui était en jeu bien avant que Fauci n’obscurcisse nos écrans ou que Powell n’imprime plus d’argent après-mars 2020, que ce qui a été produit dans toute l’histoire de notre nation !
Le rapport TBAC a en outre indiqué que les déficits fédéraux américains prévus pour 2023 à 2025 ont augmenté de 30 à 50 % au cours des 90 derniers jours seulement…
La seule façon de payer pour cette embarrassante rubrique à DC est soit un QE plus ouvert (des billions de clics de souris !) et/ou un USD beaucoup, beaucoup, beaucoup plus faible pour dégonfler cette dette alors que nous nous dirigeons simultanément vers la mère de toutes les récessions.
Une telle crise, bien sûr, pourrait être précédée de pics temporaires (relatifs plutôt qu’inhérents) de l’USD jusqu’à ce que davantage d’offre/liquidité de l’UST affaiblisse le billet vert et envoie l’or plus haut, quelle que soit la force relative de l’USD puis sa faiblesse ultérieure.
Pendant ce temps, la propagande d’En-Haut continue !
Comme je l’ai dit interview après interview, vous savez que les choses vont vraiment mal lorsque des mots réconfortants et des données décontextualisées remplacent de plus en plus des mathématiques simples mais effrayantes.
À 95 000 000 $+ de dette publique des ménages et des entreprises, les États-Unis ont irréversiblement dépassé le Rubicon de toutes les solutions faciles.
Comme Egon von Greyerz le dit très clairement semaine après semaine, les États-Unis en général et la Fed en particulier se sont irrévocablement acculés eux-mêmes dans une impasse.
Autrement dit : Les USA sont foutus.
D.C. doit choisir entre sauver son « système » (Banques d’initiés « Too Big To Fall », politiciens corrompus: des maoïste Woke aux sombres néoconservateurs et au socialisme de Wall Street) ou détruire sa monnaie.
Inutile de dire que c’est finalement la monnaie qui tombera sous l’épée de ce « système » maintenant ouvertement corrompu et pathétique.
Mais encore une fois, plutôt que de confesser ses propres péchés, le message est toujours: « Sois calme et continue ».
Le dernier graphique fantastique
Prenez, par exemple, le dernier tweet concernant l' »indice de surprise économique américain » de Bloomberg, qui brosse un tableau oh combien rose de l’économie américaine qui progresse au rythme le plus rapide depuis plus d’un an.
Graphique fantastique – Bloombergs US Economic Surprise:
Mais pour autant que des gens plus intelligents que moi (Luke Gromen) le rappellent, ces soi-disant données ignorent quelques éléphants contextuels dans la pièce…
Aide contextuelle:
Premièrement, les « bonnes nouvelles » ci-dessus ignorent un ratio dette/PIB américain de 125 %, un ratio déficits/PIB de 8 % et des dépenses publiques à 25 % du PIB.
Deuxièmement, les dépenses du gouvernement américain (c’est-à-dire les dépenses déficitaires) ont augmenté de 30 % pendant cinq des sept derniers mois.
Des taux de dépenses comme celui-ci ne se sont produits que deux fois au cours des quatre dernières décennies, à savoir :
1) au plus fort de l’hystérie COVID et
2) au plus fort de la GFC de 2008.
Ainsi, malgré les «bonnes nouvelles» dans les graphiques ci-dessus, les experts ignorent le fait que l’Oncle Sam (et ses enfants inadaptés de la Chambre des «représentants» = lobbies) dépensent comme si les États-Unis étaient déjà dans l’œil d’une tempête financière.
Et pourtant, nous n’avons même pas encore vu la récession officiellement frapper ou les marchés du travail et des risques s’effondrer.
Imaginez les dépenses alors que les choses empireront officiellement bien plus qu’aujourd’hui – et elles le feront !
C’est maintenant mathématique.
Loin des yeux, loin de nos pensées…
Malheureusement, cependant, très peu d’investisseurs voient la situation dans son ensemble avec ses « éléphants errants ».
Dans l’intervalle :
1) le complexe militaro-industriel créera plus de profits et d’emplois ici et plus de victimes à l’étranger ; et
2) les dépenses déficitaires maintiendront le chômage sous contrôle (pour l’instant) et le PIB « stable » jusqu’à ce que
3) ses déficits (et ses dettes) se métastasent cancéreusement au sein d’une nation endettée et fracturée par une « politique identitaire » fabriquée à base de publicités pour la bière transgenre et les réparations de esclavage des années 1860.
De telles tendances «Woke» sont ironiques, étant donné que les Américains de la classe moyenne, de toutes couleurs, sexualités, «privilèges» ou orientations politiques, sont déjà des esclaves inconscients d’un féodalisme moderne à base de faux « capitalisme » luttant contre la fausse « équité » (redistribution Woke). Le tout évoquant bien une forme de marxisme moderne mais authentique.
Lentement d’abord, puis tout à la fois !
Et au milieu de toutes ces distractions, divisions et luttes intestines, la réalité de la hausse des taux, qui se heurte à des niveaux d’endettement historiquement sans précédent, écrasera toutes les allégeances d’Américains de la même manière qu’Hemingway a décrit la pauvreté : « Lentement, puis tout à la fois ».
Comme Egon Von Greyerz me l’a souvent dit : « Fais bien attention à ce que tu souhaites ou à ce que tu sais déjà. »
L’or ira inévitablement plus haut alors que le reste de la nation et du monde glissera dans le piège prévisible de la dette et la fin de partie des monnaies-fiat.
Cela peut être évidemment bon pour l’or, mais ce sera au détriment de tant d’autres choses… car le désordre à venir n’est ni amusant ni joli.
Et ça ne fait que commencer…
Traduit de:
« Les malheurs du dollar face au déni de la dette : les États-Unis sont foutus. »
Par Matthieu Piepenburg
21 mai 2023
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