Et si l’on parlait géopoétique ?

Il est temps de parler de géopoétique !

 

Je souhaitais vous entretenir cette semaine de ce magnifique concept qu’est la « géopoétique »… Certains vont encore penser que je m’éloigne trop des semis de radis ou du sarclage des salades ! Je leur réponds sans hésiter « Que nenni, mon ami » !

Écoute plutôt : J’avais intitulé un précédent article:  « Habiter le monde de façon poétique » sans développer de façon substantielle.

C’est pourtant cette vision géopoétique des choses qui a été le fil conducteur de ma vie entière puis s’est concrétisé dans l’achat de mon premier « ermitage » dans le sud de la Drôme… Les deux mentors ayant, non pas initié, mais « catalysé » pour moi cette façon d’être au monde, furent Henry David  Thoreau d’une part avec son « Walden ou la vie dans les bois »:

 

 

Henry David Thoreau

 

Réplique de la cabane de Thoreau à Walden.

 

…Et Kenneth White d’autre part avec ses magnifiques « Lettres de Gourgounel »:

 

 

Kenneth White jeune à Gourgounel

 

C’est donc de ce dernier dont je vais vous entretenir ici car, si son œuvre écrite est très importante en volume d’écriture, elle l’est encore bien davantage par les enseignements vitaux et concrets que l’on en retire !

Ceci est donc une petite synthèse sur le parcours de Kenneth White et l’évolution de sa pensée, des « Lettres de Gourgounel » jusqu’à son développement du concept de géopoétique.

Kenneth White donc, poète et penseur écossais né en 1936, entreprend dans les années 1960 un voyage initiatique qui le mène dans l’Ardèche, au hameau de Gourgounel. Cette expérience, relatée dans « Les Lettres de Gourgounel » (1966), marque le début d’une quête intellectuelle et spirituelle profonde. Dans cet ouvrage, il pose déjà les jalons de ce qui deviendra plus tard la géopoétique : une relation intime avec la terre, une attention particulière aux éléments naturels et une volonté de dépasser les cadres conventionnels de la pensée « moderne ».

Au fil des années, White développe une approche unique qui combine poésie, philosophie et écologie. Son cheminement intellectuel est marqué par une opposition au monde moderne « sur-culturalisé » et une recherche d’authenticité dans le rapport au monde. Il s’inspire notamment des présocratiques, des penseurs orientaux et des cultures chamaniques.

La géopoétique, qu’il théorise progressivement, devient plus qu’une simple approche littéraire : c’est une manière nouvelle d’habiter le monde. Elle se veut transdisciplinaire, mêlant géographie, poésie, philosophie et sciences naturelles. White cherche à établir un rapport plus sensible et plus intelligent avec la Terre, dépassant le simple cadre environnemental pour atteindre une dimension culturelle et existentielle.

Dans « Le Plateau de l’Albatros » (1994), il approfondit sa réflexion sur la géopoétique, la présentant comme une théorie-pratique capable de renouveler notre rapport au monde. Ce n’est plus seulement une question de littérature ou de poésie, mais une véritable proposition de transformation culturelle.

Le « Mouvement géopoétique », formalisé à travers l’Institut international de géopoétique qu’il fonde en 1989, devient le vecteur de diffusion de cette pensée. White y développe l’idée d’un « monde blanc », non pas comme une utopie, mais comme un espace de pensée ouverte, où l’homme peut retrouver un rapport plus authentique avec la terre.

Cette évolution, des premières expériences à Gourgounel jusqu’à la théorisation du mouvement géopoétique, montre comment White a progressivement construit une pensée originale, cherchant à répondre aux défis de notre époque par une approche qui relie l’intellect et le sensible, la culture et la nature, la pensée et l’expérience directe et brute du monde.

 

*

 

« Singulier Kenneth White ! Il est ailleurs, anarchiste et nietzschéen, avec sa volonté d’expérience, ce désir d’un espace « sur-personnel » comme il le nomme. Il ne faut pas voir en Kenneth White un « mystique » détaché du quotidien. Il lie le lointain et le proche, l’Orient et l’Occident, la poésie et la vie quotidienne. Kenneth aux semelles de vent et au cerveau incandescent ! »

André Laude, Les Nouvelles littéraires

 

« Dans la perspective des rapports entre Orient et Occident, il construit l’œuvre la plus intéressante de la seconde moitié du XXe siècle. »

Régis Poulet, larevuedesressources.org

 

« À l’heure de la planétarisation d’une certaine médiocrité, l’un d’entre nous se lève et, tournant le dos, fort d’un véritable savoir, s’éloigne et impose une méthode de pensée, une présence à soi et au monde qui anticipent sur un véritable art de vivre. »

Philippe Mogentale, Revue des Belles lettres, Genève

 

*

 

« LE MOUVEMENT GEOPOETIQUE »

Essai
16,5 x 11 cm
16 pages
Livre broché
ISBN 9782492239038
Éditions Poesis, Paris

 

 

Présentation de l’éditeur:

 

« Sensible au désarroi que connaît le monde contemporain, préoccupé depuis toujours par les enjeux écologiques, Kenneth White nous livre dans cet ouvrage, bref mais intense, les bases de sa pensée, indique les traces de son cheminement, et ouvre des perspectives situées en dehors des discours convenus. En explicitant le sens du célèbre vers de Hölderlin « l’homme habite la terre en poète », il nous invite, au moyen du concept de Géopoétique, à nous sentir « exister dans un espace-temps où circulent les grands courants… »

 

Extrait:

 

« La géopoétique est autre chose qu’une géographie poétique, ou une poésie vaguement géographique, comme le terme pourrait le laisser croire. Elle a un autre fondement et ouvre des perspectives inédites concernant les rapports entre l’être et la terre, — une terre débarrassée de tous les oripeaux (« Terre-Mère », etc.) dont l’Humanité l’a affublée. « Habiter poétiquement la terre », c’est en premier lieu sortir des habitudes (comportement et langage) trop humaines qui traînent encore partout. »

 

Mes chers petits lecteurs-zélectrices, j’espère que je vous aurai donné le goût de lire Kenneth White ou Henry David Thoreau, le précurseur… Notre vision et notre perception du monde peuvent s’en trouver changées, élargies Ô combien, et enrichies de ces vraies richesses dont parlait aussi Jean Giono…

 

 

 

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4 commentaires sur “Et si l’on parlait géopoétique ?

  1. Oh, merci Éric ! Je n’ai jamais entendu parler de Kenneth White, mais cette présentation me donne vraiment envie !
    Pour l’instant, je suis dans « Myrtilles, la beauté des petites choses », un tout petit bouquin de Thoreau…
    « À bientôt et que le Ciel nous garde ! », je ne dirais pas mieux.

    1. Bonsoir Marie,
      Enchanté que mon petit article vous ai donné envie d’en savoir plus 🙂
      Outre mon tropisme jardinier, ma nature profonde est celle d’un esprit curieux… Aussi j’aime partager mes découvertes avec d’autres esprits éveillés dans des domaines très différents, avec toujours le petit fil d’Ariane de l’autonomie et de l’abondance dans la frugalité 😉
      Bien à vous.
      Ps: Je vais me procurer « Myrtille… » que je ne connaissais pas ! Merci beaucoup pour le partage.

  2. Quand je vous disais que nous avions des points communs, en voici un de plus: la géopoétique!
    Cet article réveille en moi le souvenir de Kenneth White, de la lecture de ses livres à partir du début des 80′, puis de notre rencontre et des conversations qui s’en suivirent, de mon passage chez lui en Bretagne et surtout d’interviews filmées inédites que j’avais réalisées sur ce sujet précis. En reste au grenier, un carton de bandes au format pro, difficile à exploiter. Du coup, vous m’avez donné l’envie de m’y remettre… Merci Eric!

    1. Bonjour Philippe et merci pour votre intérêt. En effet ! Bonheur de trouver un lecteur connaissant Kenneth White…Et encore mieux l’ayant rencontré ! Vous faites état de bandes enregistrées dans votre grenier ! C’est merveilleux, ça… Très heureux, si je vous ai donné l’envie de les retrouver. Il serait certainement passionnant de pouvoir les visionner:) J’ai vraiment des lecteurs géniaux !
      Au grand plaisir de connaître vos trouvailles. Très amicalement.

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